J’invite tous les lecteurs, les curieux, les justes, en cette période d’aléas électoraux en France, à écouter ce discours TEDx d’Etienne Chouard. Il est fondateur et remarquablement bien construit dans son raisonnement pour nous expliquer :
- Que nous ne sommes pas en démocratie, mais dans un gouvernement représentatif oligarchique,
- Que nous ne sommes pas des citoyens, mais de simples électeurs,
- Que nous avons programmé notre impuissance, en laissant la constitution entre les mains des personnes avides de pouvoir,
- Que l’élection est un mythe faussement démocratique entretenu par notre système, qu’il nous faut se désintoxiquer de notre éducation,
- Qu’il faut sortir urgemment de ce piège par la mise en place d’un nouveau modèle, et que ce changement ne peut venir que de nous…
Soyez chacun la divulgation sur cette réalité, soyez un virus générant des prises de conscience pour le changement de système, qui plus est en cette période de duperie électorale. Écoutez ce discours et voyez la lumière qu’il jette sur l’affaire Fillon en cours, qui malgré toutes les révélations le concernant, continue impunément la course à la présidentielle… Mon exemple n’est pas politisé. Tous les partis sont concernés par cette question de l’impunité des puissants, et de l’impuissance programmée du peuple.
Après avoir écouté ce discours, il n’est plus possible de revenir en arrière… Le système politique en place doit s’effondrer, et avec lui toute la classe politique en place. Vous êtes l’artisan de ce nouveau système et toutes les idées sont déjà là pour nous aider à construire, non pas simplement un nouveau système politique, mais un nouveau monde !
Amitié lumineuse !
(Le texte ci-dessous est le script approché du discours de la vidéo)
Discours d’Etienne Chouard sur TEDx en mars 2012 – Chercher la cause des causes
Je viens vous parler de démocratie, mais de la vraie, celle qui n’existe pas du tout… et celle qui serait capable de nous sortir du pétrin !
Je suis prof à Marseille et me suis réveillé politiquement lors d’un débat public en 2005, où l’on nous consultait sur une prétendue constitution. Je me suis mis en colère, j’ai écrit un texte d’une dizaine de pages que j’ai publié sur mon site et il s’est passé quelque chose qui a transformé ma vie, les gens s’en sont emparés, cela correspondait à quelque chose qui leur manquait. Pendant des mois, j’ai passé des nuits à répondre à ces gens, surtout à ceux qui ne m’aimaient pas.
Progressivement les journaux s’en sont emparés, les télévisions, et je me suis rendu compte rétrospectivement que c’est le regard des autres qui m’a transformé. A la fois les regards positifs et ceux des personnes qui ne m’aimaient pas du tout. Tous les regards me donnaient une énergie considérable. C’est ce que les Athéniens appelaient la vergogne. Concept très intéressant et essentiel.
Le bon citoyen athénien donnait de l’importance au regard des autres, ce qui le poussait à la vertu. Avec de la vergogne, sous le regard réprobateur des autres cela incitait le citoyen à ne pas sortir du sentier de la vertu. Les gens qui ont de la vergogne sont plus vertueux que les autres, et ceux qui n’en ont pas sont extrêmement dangereux et on pouvait éviter de leur donner des responsabilités.
J’essaie de comprendre la cause des injustices sociales. Je découvre avec émerveillement les idées géniales qui fondaient la démocratie athénienne qui était une vraie démocratie. Je remets plein de mots à l’endroit, depuis 200 ans, on a mis tous les mots à l’envers, c’est un chantier… Je n’ai pas une vérité révélée, je cherche à penser de bonnes institutions pour nous protéger tous, contre les abus de pouvoir et nous pousser à la vertu. Je ne crois pas à des citoyens vertueux par contre de bonnes institutions pourraient nous pousser à la vertu ou nous laisser dériver à l’encontre du bien commun.
Pour chercher, j’utilise une méthode formidable conseillée par un vieux médecin, Hérodote : chercher la cause des causes… Quand il y a un mal à soigner il ne faut pas s’en prendre aux conséquences, ni non plus au causes qui sont multiples. Il vaut mieux chercher la cause déterminante qui détermine les autres causes.
Je partage avec tous les copains résistants la variété des sujets sur lesquels les gens résistent. Je m’étonne que ces résistants du monde politique ne s’en prennent qu’aux conséquences, sans s’en prendre à la cause de tout cela.
J’ai l’impression d’avoir trouvé une cause commune à toutes ces injustices. Il me semble qu’elle vienne de l’absence de contrôle des pouvoirs, qui produit une impuissance populaire. Je pense que la cause est que les gens normaux n’ont pas le pouvoir de résister. Certains militants passent toute leur vie à se bagarrer mais ils ne changent rien, parce que leur impuissance politique leur interdit d’agir.
Mais d’où vient cette impuissance politique ? Je pense qu’elle vient de la constitution ! Les élus ne sont pas révocables, n’ont pas de comptes à rendre, on ne choisit pas nos candidats, on n’a pas de référendum d’initiative populaire… De notre initiative nous ne pouvons décider de rien. La monnaie est privatisée car rien dans la constitution n’oblige à ce qu’elle soit publique etc…
Dans la constitution toutes nos impuissances sont programmées !
Qu’est-ce qui fait que partout dans le monde, toutes les constitutions programment l’impuissance des peuples ? Ce n’est pas un complot, pas tout le temps et dans tous les pays… Quelle est la cause universelle de ce phénomène universel ? Qui fait que ces constitutions sont mauvaises en programmant l’impuissance des gens.
Je pense que c’est parce que ceux qui écrivent la constitution ont un intérêt personnel à ne pas écrire de bonne constitution et donc notre puissance. Ils sont juge et partie, ce sont des professionnels de la politique. On est proche de la cause des causes. Ce n’est pas eux qui sont des pourris, c’est nous qui les laissons écrire. Pour comprendre l’importance de cette erreur, je dois rappeler ce qu’est une constitution.
Rappel de ce qu’est une constitution : mettre au dessus de nous, les faibles, des représentants pour mettre en place un droit écrit qui nous protège de l’arbitraire des plus forts. Ces gens sont très utiles, ils produisent un droit dont nous avons besoin pour pacifier notre société, mais en même temps ils sont très dangereux. Si ils se mettent à servir l’intérêt d’une caste ou abuser du pouvoir, car le pouvoir les rend systématiquement fous… Ça fait 2500 ans que l’on sait cela ! Tous les pouvoirs ont une tendance à abuser (Montesquieu), c’est comme une loi physique implacable. Et il y a une idée géniale pour nous protéger de cela c’est la constitution !
La constitution est un texte au dessus des pouvoirs et n’est pas faite pour organiser les pouvoirs. Les pouvoirs n’ont pas besoin de nous pour s’organiser. La constitution sert à affaiblir les pouvoirs. A inquiéter les pouvoirs, pour nous protéger contre les abus de pouvoir.
Attendez, si les représentant doivent craindre la constitution, Il ne faut pas qu’ils l’écrivent eux-mêmes, sinon ils vont programmer leur puissance et notre impuissance. Un enfant peut comprendre cela !
L’idée centrale est là. Les hommes au pouvoir ne renonceront pas à écrire le pouvoir, la solution ne viendra pas d’eux. Elle viendra de nous c’est à nous de peur interdire d’écrire la constitution. C’est l’idée essentielle qui nous manque.
Dans la bagarre qui va opposer les gens normaux avec ceux qui exercent le pouvoir en ce moment il y a une inversion des mots.
D’abord, je ne suis pas un citoyen, un citoyen est autonome et vote lui-même ses lois, moi je suis un simple électeur. Je suis hétéronome, je subis la loi écrite par quelqu’un d’autre. Nous appeler citoyen c’est nous payer de mots. On se la pète mais on n’est rien de tout.
Qu’est-ce qu’on est dans cette prétendue démocratie ? On a le droit de désigner des maîtres politiques qui vont tout décider à notre place pendant cinq ans. On les désigne parmi des gens qu’on n’a même pas choisi, et en plus c’est les plus riches qui les choisissent. Dans le cas éventuel où ils nous trahissent au dernier degré, on n’a pas le moindre moyen de résister !
Alors c’est vrai qu’on a la liberté d’expression, mais sans aucune force contraignante. On a le droit de blablater si cela n’a pas d’effet, alors on a parfaitement le droit. Dès que cela change quelque chose c’est un massacre.
Et nous appelons cela démocratie. C’est notre faute. Nous devrions faire la grève de ces mots menteurs, nous devrions refuser d’appeler démocratie ce qui est son strict contraire. Nous participons à notre impuissance politique en acceptant d’appeler démocratie ce qui est la négation même de nos droits.
Quand on accepte d’appeler cela démocratie, on n’arrive même pas à formuler la solution. On a besoin de la démocratie mais on n’arrive pas à le dire, puisque le mot est pris par son contraire. C’est génial d’avoir inversé les mots, c’est du Big Brother absolument !
Ça s’est pas passé par hasard. C’était pas bien en 1789, il y a deux cents ans et ça ne s’est pas dégradé, non ce n’est pas du tout cela. Sieyès, un grand penseur de la révolution française, une pointure, et pas un second couteau, écrivait :
Les citoyens qui se donnent à eux-même des représentants doivent renoncer à faire eux-mêmes les lois, ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés la France ne serait plus cet état représentatif, ce serait un état démocratique. Le peuple dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, et ne peut agir que par ses représentants.
Ce gars là n’était pas un démocrate et savait très bien ce qu’était une démocratie ! Tout le monde savait avant 1789, Montesquieu, Aristote… Ils savaient que l’élection était aristocratique et donc oligarchique. Aristote et Montesquieu le disaient explicitement, je vous passe la citation…
Il y a deux choses très importantes, pendant 200 ans de tirage au sort à Athènes, où il y avait les riches et les pauvres, je sais qu’ils mettaient de côté les femmes et les esclaves, je vous parle des citoyens de l’époque, pendant deux cents ans de tirage au sort, c’est les pauvres qui ont dirigé toujours. Toujours !
Au contraire on a un autre exemple. On a deux exemples historiques. Ce ne sont pas des opinions, ce sont des faits.
Et pendant deux cents ans de gouvernement représentatif, car c’est comme cela que s’appelle notre régime, ça ne s’appelle pas une démocratie, pendant deux cents ans c’est toujours les riches qui dirigent.
Puisque le tirage au sort donne le pouvoir aux pauvres (les 99 %), puisque l’élection donne le pouvoir aux ultra riches (le 1%), jusqu’à quand les pauvres vont-ils défendre l’élection comme si c’était une vache sacrée ? Il y a quelque chose d’indéfendable…
Qu’est-ce qui fait que nous tenons à l’élection ? Ce n’est pas la raison, les fait nous montrent que nous n’avons pas intérêt à cela. Ce sont les mythes ! L’école dite républicaine nous apprend depuis notre enfance qu’élection = démocratie et donc on le croit. Et donc il y a une période de désintoxication de ces mensonges, il faut pouvoir remettre les mots à l’endroit. Nous ne sommes pas en démocratie et ce dont nous aurions besoin, c’est d’une démocratie avec du tirage au sort, qui nous libèrerait de ceux qui veulent le pouvoir.
Pour changer les choses, il me semble qu’il ne faut pas compter sur ceux qui ont le pouvoir en ce moment, la solution ne viendra pas d’eux. La solution viendra des gens normaux, des gens simples, qui ne veulent pas de pouvoir.
Il faut connaitre cette pensée d’Alain, un penseur extraordinaire à connaitre absolument :
Le trait la plus visible de l’homme juste, est de ne point vouloir du tout gouverner les autres et de se gouverner seulement lui-même, cela décide tout. Autant dire que les pires gouverneront.
Si les gens bons ne veulent pas gouverner et que l’on donne le pouvoir, comme dans le gouvernement représentatif, à ceux qui le veulent, les pires gouverneront. Alain a raison !
On peut sortir de ce piège avec une vraie démocratie en donnant le pouvoir à n’importe qui et parmi ces n’importe qui, sont les meilleurs d’entre nous, qui ne veulent pas du pouvoir. C’est à nous de le vouloir. Les élus ne veulent pas de la démocratie, cela les mettrait au chômage.
La démocratie, le tirage au sort à Athènes donnait un tout petit peu de pouvoir, pas longtemps et jamais deux fois et suite et avec plein de contrôles. C’est pas les tirés au sort qui votaient la loi. les tirés au sort faisait la police, la justice, la préparation des lois. Parce que les représentants étaient affaiblis par le tirage au sort, les citoyens avaient la garantie qu’ils restaient les souverains.
Il ne faut pas craindre le tirage au sort, nous serions bien plus puissant, avec un système de tirage au sort, car nos représentants seraient nos serviteurs et ne pourraient pas devenir nos maîtres.
Allez sur le-message.org fait par l’un d’entre vous ! Nous devrions comme des virus, sans attendre que des médias, ou des gens puissants fassent quelque chose, il ne faut plus que l’assemblée constituante soit élue, il faut absolument qu’elle soit tirée au sort, c’est de là que tout va découler. Je pense que cette idée est valable pour toute la Terre.
Merci pour votre attention.
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Si vous voulez approfondir les merveilleuses propositions d’Etienne Chouard :
http://etienne.chouard.free.fr/
https://www.facebook.com/etienne.chouard
Et évidemment il dérange :
Approfondir autrement :
http://www.laviedesidees.fr/Petite-histoire-du-tirage-au-sort.html
https://twitter.com/RevolVibratoire
https://www.facebook.com/revolutionvibratoire/
Il me semble que Jean-Luc Mélenchon propose une Assemblée Constituante et un tirage au sort.
Peut-être, mais encore une fois cette publication se voulait apolitique et avait pour but, avant tout, de réveiller les consciences sur la tromperie des mots. Je suis intimement convaincu que la solution n’est pas dans la classe politique en place, quelle qu’elle soit… Amitié !
Je suis bien d’accord mais quand même Hitler a été élu et ça a changé la face du monde…
L’avenir sera ce que nous en ferons par notre conscience collective et les vibrations que cela produit. Gardons espoir, les êtres humains mûrissent lentement mais sûrement. Les vérités se révèlent au grand jour les unes après les autres. Nous vivons une période très particulière !